top of page

Les Quatre Saisons

Le vent s'engouffre, un soleil blanc trace,
Les étoffes moussues ceignent les troncs nus.
Déroulé à terre, un tapis bruni,
Floute l'écho des courses endolories.
Les hordes de chiens ébouriffent
Les buissons en batailles d'écureuils
Les mouettes déracinées tirent des vers
Du nez rocailleux de la terre.
On hume le renard, leurs effluves musqués,
Jusque dans les buissons de ronces entortillées.
Méli-mélo d'oiseaux, trémolos printaniers
Les feuilles vernies en coupoles soucoupes,
Reflètent la lumière en lasers furtifs.
Les centenaires doucement se balancent, 
Sous les rayons captifs. 
Enjamber un pont de briques, 
Un banc assis les pieds dans l'eau,
Reflets d'airain sur l'étang onirique
Scintillent en pâles diamants.
La brise caresse l'onde élastique,
Les branches mortes, ombres infinies
Respire, ressens l'instant,
Ondule, liane de lierre,
Verte, fraîche, combattant,
Tous ces lambeaux d'hiver...
Un couple avance, emmitouflé de peaux,
Bâtons de marche en main,
Ils avancent courbés, attaquent le chemin.
Expédition Grand Nord,
Déhanchement magique, débordement d'effort
Jeter des mots en pâture aux canards
Tout ronds tout noirs, 
A la pointe de blanc.
Sur l'onde, ils font des cercles,
Ricochets palpitants
Un nuage de blanc
Passe sur l'eau
Narcisse émouvant
La corneille grince, mes bottes noires d'humus
Jouent dans le ruisseau, et les crocus
Pointent leurs têtes mauves,
Blanches, jaunes, des perroquets se sauvent
Eclats verts fusant
Les grands arbres sommeillent,
Vouloir les réveiller
Pousser leurs feuilles vermeille,
Jouer à miroiter.
Tapis de feuilles rousses, châtaigniers,
Leurs coques fendillées craquent sous les pieds. 
Les arbres ont des nez, des seins, des hanches !
Des chevelures insensées,
Puis une armée de branches
Au ciel dressées.
Le nez levé vers ces totems vaudou
Aux bouches écorchées,
Un tronc couché qui se démanche
Les racines sculptées
Profil de stégosaure, fossilisé. 
S'allonger sur ce vieil ami
Lui murmurer
De mémoire de Terre,
Il est source de vie
Sentir son coeur allègre
Du plus profond de la mémoire...
Le vent gris voile la terre
Et la forêt pâlit.



SandJo

bottom of page